Présentation de la gravure à l'acide
La gravure d’un vitrail avec de l’acide fluorhydrique est un processus qui implique l’utilisation d’un acide puissant pour créer des motifs ou des dessins sur une surface en verre. Le processus commence par la préparation de l’environnement de travail, en veillant à une ventilation adéquate et en portant des équipements de protection tels que des gants en caoutchouc, des lunettes de sécurité et un masque pour éviter tout contact direct avec l’acide corrosif.
Deux techniques de gravure à l'acide
Une fois l’environnement sécurisé, on peut procéder à la création du motif sur le vitrail. Cela peut être fait en dessinant ou en traçant le motif recommandé à l’aide d’un marqueur résistant aux acides. Des pochoirs ou des guides peuvent être utilisés pour obtenir des lignes précises. Les zones du vitrail qui ne doivent pas être gravées sont protégées en appliquant une couche de vernis ou de cire spéciale.
Ensuite, l’acide fluorhydrique peut être appliqué sur les zones exposées du vitrail à l’aide d’un pinceau ou d’une éponge. Il est essentiel de faire preuve de prudence pour éviter de déborder sur les zones protégées. L’acide réagit avec le verre et commence à graver la surface.
Gravure et découpe au scalpel
Cependant à l’Atelier, est employé un autre processus qui consiste à recouvrir d’un film plastique le verre, puis à découper au scalpel toutes les formes qui devront être attaquées par l’acide.
Après cela la pièces entière est plongée dans le bain d’acide, jusqu’à ce que toute la couche de verre de couleur soit rongée.
Cette technique requière un bon coup de main pour la découpe au scalpel, car un coup de travers se verra immanquablement.
Autres généralités de la gravure à l'acide fluorhydrique.
Le temps d’attente nécessaire dépend de l’effet de gravure souhaité et de la profondeur souhaitée. Il peut varier de quelques minutes à plusieurs heures. Pendant ce temps, il est important de surveiller attentivement le processus pour s’assurer que l’effet de gravure est conforme aux attentes.
Une fois le temps d’attente écoulé, la surface du vitrail est soigneusement rincée à l’eau pour neutraliser l’acide. Il est essentiel de bien rincer pour éliminer tout résidu d’acide afin d’éviter toute dégradation future du vitrail. Ensuite, la protection précédemment appliquée est retirée, soit le film plastique, soit le vernis à l’aide d’un solvant, et la surface est nettoyée pour éliminer tous les résidus.
Il est important de souligner que l’utilisation de l’acide fluorhydrique pour la gravure de vitraux nécessite une grande prudence et le respect des précautions de sécurité.
Exemples de vitraux gravés à l'acide
Les vitraux de Chagall
Marc Chagall a fait utiliser l’acide fluorhydrique par les ateliers qui ont réalisé ses vitraux.
Il est évident qu’il ne gravait pas lui-même les verres, étant donné la dangerosité du travail à l’acide.
Mais le résultat est toujours là sous nos yeux, avec des décolorations progressives. Les rehauts clairs qui parsèment les couleurs de ces verres antiques apportent beaucoup à l’atmosphère que dégagent ces vitraux.
Les deux photos qui illustrent cette page sont prises juste après la Toussaint 2023, dans l’auditorium du
Musée Chagall de Nice.
Le détail ci-dessus est tiré du coin inférieur gauche de la photo ci-contre. On n’y distingue les animaux qui s’ébattent dans le jardin d’Eden : une chèvre, un cheval, une vache, une antilope et d’autres bêtes, sans oublier le funeste serpent.
Les cathédrale de Metz et de Reims offrent des ensembles composés par Chagall, avec une dominante non plus bleue mais jaunes à Metz.
Cette manière d’utiliser l’acide pour traiter les verres antiques n’est cependant pas celle qu’utilise notre atelier.
Voici à présent des exemples de gravure avec découpe de film préalable…
La gravure de l'acide de l'atelier
Dans notre atelier, la gravure à l’acide est pratiquée à l’aide d’une technique qui la rend très précise.
Il s’agit de la pose de film plastiques sur le recto et le verso des verres antiques, comme expliqué sur la vidéo au début de cette page.
La découpe des films au scalpel, afin de découvrir seulement les détails qui seront attaqués par l’acide, donne un effet dentelle et non un effet dégradé, comme sur les vitraux de Chagall.
Voici l’exemple du vitrail de la Vierge de Saint-Hilaire-sur-Puiseaux.
La gravure est en particulier visible sur la robe de la Vierge.
Mais elle apporte aussi des parements aux vêtements du Christ-enfant, ainsi qu’aux yeux. Ainsi le montre la vidéo visible dans l’article accessible par le lien ci-dessus.
Cette technique n’a bien sûr d’intérêt que si le verre antique est « plaqué » : c’est à dire composé de deux couches.
Dans notre exemple le verre est un bleu sur blanc.
La vidéo de l’Ange d’Addis-Abeba montre le travail de découpe au scalpel nécessaire pour obtenir un tel résultat.
La vidéo de la Vierge Platytera montre quant-à-elle davantage le moment de la plongée dans les bacs d’acide.
Un rendu de maquette possible grâce à la gravure
Une maquette à l’aquarelle.
Ce projet est fondé sur les décolorations progressives observées plus haut dans les vitraux de Chagall.
Ainsi les formes ne sont pas systématiquement délimitées par les pièces de verre. Mais elles sont données par la gravure tout autant que par la peinture sur verre, et le chemin d’étain lui-même est là pour créer un dynamisme.