LE SOUFFLAGE DU VERRE
Le verre antique est le plus beau des verres utilisés par les vitrailliste. Ce nom désigne le verre soufflé à la bouche, selon le procédé antique. Ce verre se reconnaît aussitôt aux petites bulles qui y sont emprisonnées, à sa texture, à sa transparence, à ses dégradés de couleurs…
Créée à la main et au souffle de l’homme, chaque feuille de verre est unique !
Voici quelques images des artisans de la verrerie Saint Just.
Pour un artiste verrier, pouvoir se servir d’une telle matière pour créer ses vitraux est un cadeau.
L’œuvre finale portera deux beautés : celle du verre antique et celle du dessin de verre.
Les souffleurs de verre sont donc les alliés naturels des vitraillistes, et peuvent être appelés maître-verriers comme eux.
Histoire du verre antique
Apparu en Orient, l’art de souffler le verre se répand dans l’empire romain. Au dixième siècle, il se développe à Venise.
Au treizième siècle il se concentre à Murano.
L’île de Murano resta plusieurs siècles l’unique verrerie de la méditerranée avec un monopole jalousement entretenu par Venise.
Il fallu attendre le règne de Louis XIV, et donc le dix-septième siècle, pour que les maître-verriers propagent leur savoir au-delà de Venise. C’est que Colbert leur promit privilèges et bonne place, afin de les attirer en France : c’est l’origine de la manufacture Saint-Gobain. Le savoir-faire gardé sur l’île de Murano sous peine de mort, et contrôlé par le Doge en personne, avait fuité aussi en Bohême.
Aujourd’hui Il y a de multiples verriers d’art qui fabriquent des objets tels que des verres, des vases, des lustres et autre objets d’art. Mais il n’existe que trois verreries qui fabriquent nos feuilles de verre antique. Une en France, la verrerie Saint-Just, une en Allemagne, la verrerie Lamberts, et une en Pologne, la verrerie Jasło. Voici les liens vers ces trois sites :
La verrerie Saint Just est située en France, au sud de Saint-Etienne.
Elle souffle du verre colorés depuis 1865.
La verrerie Lamberts, en allemand Lamberts Glashütte, est située en Allemagne.
Elle a été fondée en 1906.
La verrerie Jasło est quant-à-elle située en Pologne.
Elle a été fondée en 1922.
Les étapes de la fabrication du verre antique
La fonte et la coloration
La silice est mélangée avec des colorants, selon des recette finement élaborées par les chimistes-coloristes de la verrerie. Ce sont essentiellement des oxydes métalliques qui vont donner à la silice en fusion les couleurs du futur verre antique. L’argent donne un verre doré, l’or donne un verre rose fuschia, le fameux rose-à-l’or. L’oxyde de Cobalt est quant à lui le secret du fameux bleu de Chartres. Le manganèse donne lui aussi du bleu, mais un peu plus violet. Ces deux métaux ont été utilisés pour les bleus de la Cathédrale de Chartres. Mais le « vrai bleu de Chartres » est bien le bleu tiré de l’oxyde de Cobalt. Il est présent notamment au portail royal, mais également à l’état très clair sur la robe de Notre-Dame de la belle verrière.
Le cueilleur lance la transformation du verre
Le cueilleur est l’artisan qui commence la processus de création des feuilles de verre antique. Il plonge dans le verre en fusion la canne qu’il transmet ensuite au souffleur. Cette canne porte 5 kilos de verre en fusion. Le cueilleur commence à la travailler, la refroidissant, lui donne sa forme dans un creuset, avant de passer le relai au souffleur.
Le souffleur forme la bouteille
Le souffleur emploi ses mains et ses poumons pour donner aux cinq kilos de verre brûlant la forme d’une grande bouteille. Au cours d’un travail très physique, retenant son souffle pour ne pas respirer l’air à 800 degrés renfermé dans le verre, il allonge peu à peu la masse. Il lui faut souffler, réchauffer le verre, souffler encore. Le cueilleur vient parfois récupérer la canne pour lui donner un peu de répit. Cueilleur et souffleur s’entraident ainsi, embarqués en tandem dans une opération qui ne peut être interrompue.
Un geste particulier : le balancement de la bouteille
Afin d’étirer le verre, le souffleur balance la canne et le verre en fusion au-dessus d’une fosse, avant de souffler encore, et de remettre la grande bouteille au four pour la réchauffer.
Ce geste n’est visible que dans la verrerie Saint Just et dans la verrerie Jasło. Les verriers de Lamberts ne pratiquent que le travail qu’au souffle. Cette particularité laisse sa marque au verre : les bulles deviennent effilées. C’est ainsi que l’on peut distinguer d’un seul coup d’œil un verre de la verrerie Saint Just d’un verre de la verrerie Lamberts.
De la bouteille au cylindre de verre
La bouteille de verre est maintenant immense : plus d’un mètre de long ! Il faut maintenant l’ouvrir. Pour l’extrémité opposée à la canne, un chalumeau en fait fondre l’extrémité bombée. Mais le verre qui refroidit reste attaché à la canne. Alors les maître-verriers le casse par choc thermique, en cernant la bouteille refroidit avec un filet de verre en fusion. La bouteille s’est alors transformée en Cylindre.
Du cylindre à la feuille de verre antique.
Les cylindres de verre sont rangés sur un étendage…La dernière opération arrive. Les cylindres refroidis sont fendus sur toute leur longueur, puis conduits vers un four de réchauffage. Là, le verre remonté à 800 degrés recommence à se laisser travailler. Le cylindre s’ouvre doucement, et la feuille de verre est délicatement déroulée à l’aide d’un polissoire. Le verre refroidit graduellement, et la feuille de verre antique est prête !
La magasinier la range dans des caisses prêtes au voyage, ou la porte dans les couloirs de casiers, où les vitraillistes viendront choisir la feuille idéale pour leur futur création.
En remerciant l’équipe de la Verrerie Saint Just pour leur accueil,
tout particulièrement le vendredi 10 novembre où j’ai pu prendre les photos qui composent le diaporama ci-dessus.