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Citations sur l'art, l'artiste et la beauté

« Un artiste est une personne qui crée des choses dont les gens n’ont pas besoin mais, pour une raison quelconque, il pense que ce serait une bonne idée de leur apporter. »

Andy Warhol, artiste, designer, dessinateur (1928-1987)

« L’art ne produit pas le visible, il rend visible. »

Paul Klee, artiste, peintre (1879-1940)

« La vie est le don propre de l’artiste : la vie seule est la marque de l’art. Où il y a un homme vivant, il y a une œuvre d’art. »

André Suarès, artiste, écrivain, poète (1868-1948)

« La situation de l’artiste est humble. Il est essentiellement un canal. »

Piet Mondrian, artiste, peintre (1872-1944)

Vitrail géométrique de la
chapelle d’Andecy.
Paul Challan Belval

« Quelquefois l’échec est nécessaire à l’artiste. Cela lui rappelle que l’échec n’est pas un désastre définitif. Et cela le libère de la tapageuse contrainte du perfectionnisme. »

John Berger, artiste, peintre, critique d’art, écrivain,  scénariste (1926-2017)

« Plus il y a de mal dans le monde, plus l’art est nécessaire. »

« Une œuvre d’art est une révélation de l’immensité du réel, de sa richesse, de sa profondeur. Elle veut dire l’indicible. »

« L’artiste reçoit, ainsi il produit. Il commence par recevoir. »

La beauté et la bonté

« Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. »

Verset 31 du chapitre 1 du livre de la Genèse 
(900 avant Jésus-Christ)

« C’est véritablement utile puisque c’est joli. » 

Antoine de Saint-Exupéry, écrivain, aviateur (1900-1944), Le Petit Prince

« Qu’aimons-nous qui ne soit beau ? » 

Saint Augustin (354-430),
Confessions, Livre IV, 13.20

« La vertu propre du Bien est venue se réfugier dans la nature du Beau. » 

Platon (428-348 avant Jésus-Christ)

« La bonté est garante de la qualité de la beauté ; la beauté irradie la bonté et la rend désirable. »

François Cheng (né en 1929),
Cinq méditations sur la beauté, 2006

« C’est dans le fini que l’art cherche à faire tenir l’infini. »

Louis Lavelle, philosophe (1883-1951)

La beauté et le mal

« Ayons la hardiesse d’affirmer que si tout visage de haine est laid, en revanche tout visage en sa bonté est beau. »

François Cheng (né en 1929),
Cinq méditations sur la beauté, 2006

« Il faut racheter le monde par la beauté :
beauté du geste,
de l’innocence,
du sacrifice,
de l’idéal. » 

Romain Gary, diplomate, romancier
(1914-1980)

« Quelle beauté sauvera le monde ? » 

Dostoïevski, romancier russe (1821-1881),
L’Idiot

La beauté et la vérité

« La beauté, comme la vérité, c’est ce qui met la joie au cœur des hommes, c’est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les faits communier dans l’admiration. »

Pape Paul VI (1897-1978)

« Il n’y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur : il n’y a qu’une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle. » 

Auguste Rodin, artiste, sculpteur (1840-1917)

« Le beau, c’est la splendeur du vrai. »

Platon (428-348 avant Jésus-Christ)

« Or la beauté, c’est tout. Platon l’a dit lui-même :
La beauté, sur la terre, est la chose suprême.
C’est pour nous la montrer qu’est faite la clarté.
Rien n’est beau que le vrai, dit un vers respecté ;
Et moi, je lui réponds sans crainte d’un blasphème :
Rien n’est vrai que le beau ; rien n’est vrai sans beauté. »

Alfred de Musset, poète, écrivain (1810-1857),
Premières Poésies 

La beauté et la fragilité

« Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement. » 

Saint Ignace de Loyola, chevalier puis moine (1491-1556)

« Le moine n’étudie pas pour savoir mais pour s’émerveiller. » 

Saint Bernard de Clairvaux, moine (1090-1153)

« La beauté est le privilège des faibles. » 

Simone Weil, philosophe (1909-1943)

« Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu. » 

Evangile selon saint Matthieu, chapitre 5, verset 8.

Textes sources

Jean Paul II, extraits de sa lettre aux Artistes, avril 1999

1. L’artiste, image de Dieu Créateur

Quelle est la différence entre « créateur » et « artisan » ? Celui qui crée donne l’être même, il tire quelque chose de rien – ex nihilo et subiecti, dit-on en latin -, et cela, au sens strict, est une façon de procéder propre au seul Tout-Puissant. A l’inverse, l’artisan utilise quelque chose qui existe déjà et il lui donne forme et signification. Cette façon d’agir est propre à l’homme en tant qu’image de Dieu. (…) L’Artiste divin, avec une complaisance affectueuse, transmet une étincelle de sa sagesse transcendante à l’artiste humain, l’appelant à partager sa puissance créatrice. Il s’agit évidemment d’une participation qui laisse intacte la distance infinie entre le Créateur et la créature, comme le soulignait le cardinal Nicolas de Cues : « L’art de créer qu’atteindra une âme bienheureuse n’est point cet art par essence qui est Dieu, mais bien de cet art une communication et une participation. » C’est pourquoi plus l’artiste est conscient du « don » qu’il possède, plus il est incité à se regarder lui-même, ainsi que tout le créé, avec des yeux capables de contempler et de remercier, en élevant vers Dieu son hymne de louange. C’est seulement ainsi qu’il peut se comprendre lui-même en profondeur, et comprendre sa vocation et sa mission.

3. La vocation artistique au service de la beauté

La beauté est, en un certain sens, l’expression visible du bien, de même que le bien est la condition métaphysique du beau. Les Grecs l’avaient bien compris, eux qui, en fusionnant ensemble les deux concepts, forgèrent une locution qui les comprend toutes les deux : « kalokagathia », c’est-à-dire « beauté-bonté ». Platon écrit à ce sujet : « La vertu propre du Bien est venue se réfugier dans la nature du Beau. »
L’artiste vit une relation particulière avec la beauté. En un sens très juste, on peut dire que la beauté est la vocation à laquelle le Créateur l’a appelé par le don du « talent-artistique » […] qui est assurément à faire fructifier, dans la logique de la parabole évangélique des talents (cf. Mt 25, 14-30) […]. Celui qui perçoit en lui-même cette sorte d’étincelle divine qu’est la vocation artistique perçoit en même temps le devoir de ne pas gaspiller ce talent, mais de le développer pour le mettre au service du prochain et de toute l’humanité.

4. L’artiste et le bien commun

La société, en effet, a besoin d’artistes […]. Lorsque, précisément, dans la réalisation d’œuvres vraiment valables et belles, ils obéissent à leur inspiration, non seulement ils enrichissent le patrimoine culturel de chaque nation et de l’humanité entière, mais ils rendent aussi un service social qualifié au profit du bien commun. Tout en déterminant le cadre de son service, la vocation différente de chaque artiste fait apparaître les devoirs qu’il doit assumer, le dur travail auquel il doit se soumettre, la responsabilité qu’il doit affronter.

5. L’art face au mystère du Verbe incarné

La Loi de l’Ancien Testament interdit explicitement de représenter Dieu invisible et inexprimable à l’aide d’« une image taillée ou fondue » (Dt 27, 15), car Dieu transcende toute représentation matérielle : « Je suis celui qui est » (Ex 3, 14). Toutefois, le Fils de Dieu en personne s’est rendu visible dans le mystère de l’Incarnation : « Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, qui est devenu ainsi le centre par rapport auquel il faut se situer pour pouvoir comprendre l’énigme de l’existence humaine, du monde créé et de Dieu lui-même. Cette manifestation fondamentale du « Dieu-Mystère » constitue un encouragement et un défi pour les chrétiens, entre autres dans le domaine de la création artistique. […] En se faisant homme, en effet, Dieu a introduit dans l’histoire de l’humanité toute la richesse évangélique de la vérité et du bien, et, en elle, a révélé aussi une nouvelle dimension de la beauté : le message évangélique en est totalement rempli. […] Mais pour tous, croyants et non-croyants, les réalisations artistiques inspirées par l’Ecriture demeurent un reflet du mystère insondable qui enveloppe et habite le monde.

6. Entre l’Evangile et l’art, une alliance féconde

C’est une expérience partagée par tous les artistes que celle de l’écart irrémédiable qui existe entre l’œuvre de leurs mains, quelque réussie qu’elle soit, et la perfection fulgurante de la beauté perçue dans la ferveur du moment créateur : ce qu’ils réussissent à exprimer dans ce qu’ils peignent, ce qu’ils sculptent, ce qu’ils créent, n’est qu’une lueur de la splendeur qui leur a traversé l’esprit pendant quelques instants. Le croyant ne s’en étonne pas : il sait que s’est ouvert devant lui pour un instant cet abîme de lumière qui a en Dieu sa source originaire. Faut-il s’étonner si l’esprit [de l’artiste] en reste comme écrasé au point de ne savoir s’exprimer que par des balbutiements ? Nul n’est plus prêt que le véritable artiste à reconnaître ses limites et à faire siennes les paroles de l’apôtre Paul, selon lequel « nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, de l’argent ou de la pierre, travaillés par l’art et le génie de l’homme » (Ac 17, 29). La connaissance de la foi est d’une tout autre nature : elle suppose une rencontre personnelle avec Dieu en Jésus-Christ.

12. L’Eglise a besoin d’art

Pour transmettre le message que le Christ lui a confié, l’Eglise a besoin de l’art. Elle doit en effet rendre perceptible et même, autant que possible, fascinant le monde de l’esprit, de l’invisible, de Dieu. Elle doit donc traduire en formules significatives ce qui, en soi, est ineffable. Or l’art a une capacité qui lui est tout à fait propre de saisir l’un ou l’autre aspect du message et de le traduire en couleurs, en formes ou en sons qui renforcent l’intuition de celui qui regarde ou qui écoute. Et cela, sans priver le message lui-même de sa valeur transcendantale ni de son auréole de mystère. L’Église a besoin, en particulier, de ceux qui sont en mesure de réaliser tout cela sur le plan littéraire et figuratif, en utilisant les infinies possibilités des images et de leur valeur symbolique. Dans sa prédication, le Christ lui-même a fait largement appel aux images, en pleine harmonie avec le choix de devenir lui-même, par l’Incarnation, icône du Dieu invisible.

13. L’art a-t-il besoin de l’Eglise ?

L’artiste est toujours à la recherche du sens profond des choses, son ardent désir est de parvenir à exprimer le monde de l’ineffable. De fait, le religieux est l’un des sujets les plus traités par les artistes de toutes époques. […] Un lien particulier qui existe entre l’art et la révélation chrétienne […] en vertu du dogme central de l’Incarnation du Verbe de Dieu [qui] offre à l’artiste un univers particulièrement riche de motifs d’inspiration. Quel appauvrissement serait pour l’art l’abandon de la source inépuisable de l’Evangile !

15. Esprit Créateur et inspiration artistique

L’Esprit Saint, « le Souffle » (ruah), est Celui auquel fait déjà allusion le Livre de la Genèse : « La terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et le souffle de Dieu agitait la surface des eaux » (Gn 1,2). Et il existe une telle affinité entre les mots « souffle – expiration » et « inspiration » ! L’Esprit est le mystérieux artiste de l’univers. […] toute inspiration authentique renferme en elle-même quelque frémissement de ce « souffle » […]. En président aux mystérieuses lois qui régissent l’univers, le souffle divin de l’Esprit créateur vient à la rencontre du génie de l’homme et stimule sa capacité créatrice. Il le rejoint par une sorte d’illumination intérieure, qui unit l’orientation vers le bien et vers le beau, et qui réveille en lui les énergies de l’esprit et du cœur, le rendant apte à concevoir l’idée et à la mettre en forme dans une œuvre d’art.

16. La « Beauté » qui sauve

Au seuil du troisième millénaire, je vous souhaite à tous, chers artistes, d’être touchés par ces inspirations créatrices avec une intensité particulière. Puisse la beauté que vous transmettrez aux générations de demain être telle qu’elle suscite en elles l’émerveillement ! Devant le caractère sacré de la vie et de l’être humain, devant les merveilles de l’univers, l’unique attitude adéquate est celle de l’émerveillement. […] Les hommes d’aujourd’hui et de demain ont besoin de cet enthousiasme pour affronter et dépasser les défis cruciaux qui pointent à l’horizon. Grâce à lui, l’humanité, après chaque défaillance, pourra encore se relever et reprendre son chemin. C’est en ce sens que l’on a dit avec intuition que « la beauté sauvera le monde. » La beauté est la clé du mystère et elle renvoie à la transcendance. Elle est une invitation à savourer la vie et à rêver de l’avenir. C’est pourquoi la beauté des choses crées ne peut satisfaire, et elle suscite cette secrète nostalgie de Dieu qu’un amoureux du beau comme saint Augustin a su interpréter par des mots sans pareils : « Bien tard je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si neuve, bien tard, je t’ai aimée ! »

Puissent vos multiples chemins, artistes du monde, vous conduire tous à l’Océan infini de beauté où l’émerveillement devient admiration, ivresse, joie indicible ! Puissiez-vous être orientés et inspirés par le mystère du Christ ressuscité, que l’Eglise contemple joyeusement ces jours-ci ! Et que la Vierge Sainte, la « toute belle », vous accompagne, elle que d’innombrables artistes ont représentée et que le célèbre Dante contemple dans les splendeurs du Paradis comme « beauté, qui réjouissait les yeux de tous les autres saints ! ».

« Du chaos surgit le monde de l’esprit. » Partant des mots qu’Adam Mickiewicz écrivait dans une période particulièrement tourmentée pour la patrie polonaise, je formule un souhait pour vous : que votre art contribue à l’affermissement d’une beauté authentique qui, comme un reflet de l’Esprit de Dieu, transfigure la matière, ouvrant les esprits au sens de l’éternité !

Avec mes vœux les plus cordiaux !

Du Vatican,
le 4 avril 1999,
en la Résurrection du Seigneur.

Paul VI aux artistes, en clôture du concile Vatican II, décembre 1965

A vous tous, maintenant, artistes, qui êtes épris de la beauté et qui travaillez pour elle : poètes et gens de lettres, peintres et sculpteurs, architectes, musiciens, hommes du théâtre et cinéastes… A vous tous, L’Eglise du Concile dit par votre voix : si vous êtes les amis de l’art véritable, vous êtes nos amis ! L’Eglise a dès longtemps fait alliance avec vous. Vous avez édifié et décoré ses temps, célébré ses dogmes, enrichi sa liturgie. Vous l’avez aidée à traduire son divin message dans le langage des formes et figures, à rendre saisissable le monde invisible.
Aujourd’hui comme hier, l’Eglise a besoin de vous et se tourne vers vous. Elle vous dit par notre voix : ne laissez pas se rompre une alliance féconde entre toutes ! Ne refusez pas de mettre votre talent au service de la vérité divine ! Ne fermez pas votre esprit aux souffles du Saint Esprit !
Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. La beauté, comme la vérité, c’est ce qui met la joie au cœur des hommes, c’est ce fruit précieux qui résiste à l’usure du temps, qui unit les générations et les faits communier dans l’admiration. Et cela par vos mains…
Que ces mains soient pures et désintéressées ! Souvenez-vous que vous êtes les gardiens de la beauté dans le monde : que cela suffise à vous affranchir de goûts éphémères et sans valeur véritable, à vous libérer de la recherche d’expressions étranges ou malséantes.
Soyez toujours et partout dignes de votre idéal, et vous serez dignes de l’Eglise, qui, par Notre voix, vous adresse en ce jour son message d’amitié, de salut, de grâce et de bénédiction.

 

Textes de contemplation

Saint Augustin, sermon 241, 2-3

« Interrogez la magnificence de la terre, la beauté de la mer, la beauté de cet immense atmosphère qui nous entoure; interrogez la splendeur au ciel, la merveilleuse disposition des astres ; interrogez le soleil, dont les rayons brillants donnent au jour sa clarté ; interrogez la lune, dont la lumière tempère et adoucit les ténèbres de la nuit qui succède au jour ; interrogez les animaux qui se meuvent dans les eaux, qui habitent la terre, qui volent dans les airs ; interrogez les âmes que vous ne voyez pas et les corps qui frappent vos regards, les êtres visibles qui ont besoin de direction et les êtres invisibles qui les dirigent ; interrogez tous ces êtres. Ils vous répondront d’une voix unanime :

Vous le voyez, nous avons la beauté en partage. Cette beauté même est le témoignage qu’ils rendent à leur Créateur. Qui a fait toutes ces créatures dont la beauté est changeante, si ce n’est l’immuable beauté ? Les philosophes ont ensuite reporté leurs regards sur l’homme, pour arriver à connaître le Dieu Créateur de l’univers, et, dans l’homme, ils ont interrogé ces deux choses : le corps et l’âme. Ils ont interrogé ce qu’ils portaient eux-mêmes ; ils voyaient le corps, ils ne voyaient pas l’âme. Cependant ils ne voyaient le corps qu’au moyen de leur âme. Ils le voyaient par l’organe de la vue ; mais celui qui regardait véritablement par ces ouvertures était au dedans d’eux-mêmes. Que celui qui habite cette maison la quitte, elle s’écroule ; à peine le principe qui dirige le corps s’en est-il séparé, que le corps tombe en dissolution, et prend pour cela le nom de cadavre, (quoniam cadit, cadaver vocatur.) Est-ce que les yeux n’y sont pas tout entiers ? Ils sont ouverts et ne voient rien. Les oreilles y sont également, mais celui qui entendait n’y est plus ; l’instrument de la langue est resté, mais le musicien qui la mettait en mouvement a disparu. Ils ont donc interrogé ces deux parties dont l’homme est composé : le corps qui se voit, l’âme qui est invisible ; et ils ont reconnu que la partie invisible était supérieure à la partie visible ; que l’âme, qui se cache à nos yeux, l’emporte de beaucoup sur le corps qui frappe nos regards.

Voilà ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont considéré attentivement ; ils ont discuté ces deux natures de l’homme, et ils ont trouvé que toutes deux étaient sujettes au changement. Le corps ne cesse de changer avec l’âge par les maladies, par les aliments, par ce qui répare ses forces comme par ce qui les épuise, par la vie et par la mort. Passant ensuite à l’âme, dont ils ont compris la supériorité et admiré l’excellence, tout invisible qu’elle est, ils ont trouvé en elle les mêmes vicissitudes, les mêmes changements ; elle veut et ne veut plus ; elle va de la science à l’ignorance ; elle se souvient, et oublie tout aussitôt ; on la voit tantôt craintive, tantôt audacieuse ; aujourd’hui, elle s’élève jusqu’à la sagesse, et demain elle retombe dans la folie ; ils ont vu ces changements de l’âme, et ont passé au-delà car ils cherchaient ce qui est immuable. C’est ainsi qu’ils sont parvenus jusqu’à la connaissance d’un Dieu créateur par le moyen de ses œuvres. »

Saint François d'Assise, Cantique de Frère Soleil

Très haut, tout-puissant, bon Seigneur, à toi sont les louanges, la gloire, l’honneur, et toute bénédiction.
A toi seul, Très-Haut, ils conviennent, et nul homme n’est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère soleil qui est le jour, et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur, de toi, Très-Haut, il porte le signe.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur lune et les étoiles, dans le ciel tu les as formées claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent, et pour l’air et le nuage et le ciel serein et tous les temps, par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur eau, qui est très utile et humble, et précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu, par lequel tu illumines la nuit, et il est beau et joyeux, et robuste et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent par amour pour toi et supportent maladies et tribulations.
Heureux ceux qui les supporteront en paix, car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mort corporelle, à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui mourront dans les péchés mortels, heureux ceux qu’elle trouvera dans tes très saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera pas mal.
Louez et bénissez mon Seigneur, et rendez-lui grâces et servez-le avec grande humilité.