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Auprès de Notre-Dame de Chartres

La vie à l'atelier

Depuis quatorze années et quatre mois, mon atelier est au portail sud de la Cathédrale de Chartres, au 4, cloître Notre-Dame. C’est ici que j’ai grandi, en artiste qui reçoit le don de savoir faire un vitrail. 
Ici j’ai reçu un espace pour commencer. Si je dois dire que la pression d’une culture en crise se fait à présent sentir jusqu’ici, les débuts ont été accompagnés par la paix de cet endroit exceptionnel. Dans la cour, ont entendait que le bruit du travail du restaurant, et les ouvriers et commis étaient manifestement imprégnés du respect du vieux patron pour la cathédrale. Je l’entends encore dire « Sans Elle, on est rien ! »
Les cloches, qui sonnaient encore à la vollée, nous offraient un temps habité, rythmé ; je n’ai acheté une montre qu’en 2015. 
Lorsqu’il y avait un vent favorable j’entendais l’orgue jouer, et à coup sûr les pélerins chanter. 
Et puis des petites dégradations sont apparues : les jeunes qui mettent leur « musique » ( dans un acception du mot assez dégradée) trop fort, les commis de cuisine qui regardent leurs films pendant la pause, les hauts-parleurs qui diffusent leur musique en terrasse, et autre bruits passant par les fenêtres, symptômes de comportements sans avenirs de personnes chez lesquelles le plaisir a chassé l’intelligence. 
Les cloches elles-mêmes ont pris un tintement métallique, avec l’installation de mécanismes de marteau. Le tapage des concerts organisés près de la cathédrale s’est amplifié. 

Sur ces entrefaits, la SCI gérante des lieux a refusé que je puisse continuer de garer mon utilitaire dans la cour, sous prétexte d’argument commercial. En fait il s’agissait de me faire partir, car mon activité se déroulait sous des combles classées au patrimoine, et que l’incendie de Notre-Dame de Paris n’a pas arrangé les peurs inspirées par les activités sous les charpentes. 

Bien que personne ne m’ait transmis le moindre mot de ces discussions, j’ai compris que mon travail d’artiste du vitrail devait passer par un autre lieu pour que son charactère professionnel reste durable et croissant ; un service véritable.

Après un an et deux mois de recherches, à Chartres et dans les environs, un lieu s’est révélé possible. 
Les critères étaient exigeants : peu coûteux financièrement, le terrain devait déjà contenir un bâti susceptible d’être rénové sans dépôt de permis de constuire qui eu allongé les délai ; effectivement il fallait faire vite, puisque la patience, obervée devant des propositions qui se sont révélés des mirages, a fini par me laisser devant des commandes toutes proches et trop grandes pour le local du 4, cloître Notre-Dame. 

Enfin, le 13 juillet, j’ai pu visiter un lieu qui était favorable à la refondation de mon ateliet de vitrail : 

Là il y aura de l’espace, du silence, un garage pour les véhicules, sans escaliers obligés, sans bruits. Une vie professionnelle simplifiée et élargie, un habitat d’où je pourrai regarder les abeilles. 
C’est comme un départ vers le désert de la Beauce, loin des bruits de la ville et des ses complications.